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Les Bretons exilés à Paris
Un jour, Didier Violain est parti «comme tout le monde» chercher du travail dans la capitale. II a rejoint les Bretons de Paris dont il raconte aujourd'hui l'histoire dans un livre épatant.Le dimanche 18 juin 1939, un fait divers réjouit la communauté bretonne de Paris. L'opération a été
menée, de main de maître, par un commando de trois amis. L'affront était de taille. Depuis quelque temps en effet, le musée Grévin accueille dans ses murs la statue de cire de Bécassine, symbole pour tous les
Bretons de toutes ces femmes bretonnes obligées de se placer comme bonnes chez les bourgeois parisiens. La riposte ne pouvait pas attendre. Ce jour-là donc, au grand dam de la maréchaussée, la
statue sera brisée en trente-six morceaux. Des histoires comme celles-là, le livre de Didier Violain en rapporte des centaines. Grâce aux témoignages
recueillis et à une documentation iconographique remarquable, il redonne la parole aux Bretons de Paris et brosse ainsi un tableau émouvant de leur vie quotidienne. Une vie parfois humiliante pour ces gens qui
parlent un drôle de < patois » et que l'on traite de «ploucs« dès qu'ils posent leur valise sur les quais de la gare Montparnasse-Bienvenue. Une vie aussi de solidarité. De celles qui, face à l'adversité, permettent de conserver son identité et de retrouver sa fierté. Didier Violain a composé un album de famille des Bretons de Paris. Alain BESSEC.
Bretons de Paris: des exilés en capitale, Didier Violain. Parigram-me, 160 pages. 165 F. |
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LIVRES Bretons de Paris Ils (ou elles) débarquaient à
Montparnasse-Bienvenùe, croyant, grâce au père du Métropolitain, que la capitale les accueillait avec bienveillance. Mais tous n'allaient pas, comme l'ingénieur breton, connaître une grande destinée. Ils seraient
modestement nourrices, gens de maison, taxis, cafetiers pour les plus fortunés. Les Bretons ont toujours quitté leur terre, vers la mer où vers Paris. Ce sont ces derniers, « exilés en capitale », d'hier et
d'aujourd'hui dont Didier Violain a amoureusement recueilli la mémoire vivante. Il nous la restitue en pour-fendant au passage de nombreux clichés. Car parmi ces Bretons, il y eut Marcel Cachin, Patrick Braouezec (Maire
de Saint-Denis), les chanteurs Glenmor ou Gilles Servat, jean Le Lagadec (journaliste à < l'Humanité »), les manifestants des Forges d'Hennebont « montés » à Paris pour défendre leur emploi. Foin de Bécassine, ils
étaient et sont aussi syndicalistes, fondateurs d'associations d'entraide, abbés, sportifs... Restés autour de Montparnasse ou essaimant dans toute la région, ils forment dans ce chaleureux ouvrage illustré avec grâce
et pertinence un étonnant album de famille. D. B.« Bretons de Paris »,
de Didier Violain. Éditions Parigramme, 160 p., 165 F. |